Le Baromètre Vélo, initié par la Fédération française des Usagers de la Bicyclette (FUB), est devenu en quelques années un outil incontournable pour évaluer la cyclabilité des communes françaises. À l’occasion de la 4ème édition lancée le 28 février 2025, nous avons rencontré Étienne Demur, co-président de la FUB et référent national du Baromètre Vélo, pour qu’il nous explique les objectifs de cette enquête et de son impact sur les différents acteurs du territoire.
Pouvez-vous nous rappeler l’objectif principal du Baromètre Vélo ?
ED : Le Baromètre Vélo vise à dresser une photographie précise de la cyclabilité des communes françaises à un instant donné. Il évalue divers aspects tels que les infrastructures, les services, les vélocistes et les systèmes de location. Cette enquête citoyenne permet de recueillir le ressenti des usagers sur leur expérience à vélo, qu’ils soient cyclistes réguliers ou non.
Cyclistes réguliers ou non…
Ce baromètre s’adresse aussi aux non-cyclistes ?
ED : Evidemment. Lors de la précédente édition, environ 10 % des répondants n’étaient pas des cyclistes. L’avis de ces personnes est essentielles. Puisqu’elles nous expliquent, ce dont elles auraient besoin ou envie pour se mettre au vélo. Leur retour nous a permis d’identifier les freins à la pratique du vélo.
Comment se déroule cette enquête et combien de temps cela prend-il pour y répondre ?
ED : Le questionnaire est conçu pour être accessible à tous et toutes. Compter environ dix minutes pour le compléter. Il comporte entre 40 et 50 questions couvrant divers aspects de la pratique cyclable. Les données recueillies sont ensuite analysées pour aider les collectivités à prioriser leurs actions en faveur du vélo. Il est important de souligner que cette démarche repose sur la participation active des citoyens.
Quels enseignements tirez-vous des précédentes éditions du Baromètre ?
ED : Le Baromètre offre une double grille de lecture : d’une part, il évalue les réalisations effectives des collectivités en matière de politique cyclable ; d’autre part, il reflète les attentes croissantes des cyclistes. Ainsi, une baisse de satisfaction n’est pas nécessairement le signe d’une mauvaise politique, mais peut traduire une exigence accrue des usagers. Les collectivités qui redoutent les résultats du Baromètre devraient au contraire y voir une opportunité de valider et d’orienter leurs actions.
Quel message souhaitez-vous adresser aux élus locaux concernant cette initiative ?
ED : Le Baromètre est une consultation publique à l’échelle nationale qui offre aux élus une occasion unique de recueillir l’avis de leurs concitoyens sur la politique cyclable locale. Plutôt que de le craindre, ils devraient s’en saisir pour orienter leurs actions et répondre aux attentes exprimées. Les données recueillies permettent de valider les actions entreprises et d’identifier les axes d’amélioration.
En quoi le Baromètre est-il également pertinent pour les employeurs ?
ED : Le vélo est une des réponse pertinente à l’enjeu majeur de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Les employeurs ont tout intérêt à faciliter et encourager les déplacements quotidiens à vélo de leurs salariés. Cela contribue à la santé et au bien-être des employés, réduit l’empreinte carbone de l’entreprise et peut même améliorer la productivité. Participer au Baromètre permet aux entreprises de mieux comprendre les besoins de leurs employés cyclistes et d’adapter leurs politiques en conséquence. Ils ne peuvent le faire sans l’appui des politiques. Et les politiques, s’ils veulent proposer un territoire attractif pour les employeurs, le système vélo est une réponse à ne pas négliger.
Quel est l’impact du Baromètre sur l’écosystème du vélo, notamment les fabricants, aménageurs et vélocistes ?
ED : Plus les territoires répondent aux demandes des citoyens en matière d’infrastructures et de services cyclables, plus le nombre de cyclistes augmente. On pourrait imaginer une traduction concrète par une hausse des ventes de vélos et d’équipements. Une augmentation de la fréquentation des ateliers d’entretien et une dynamique positive pour l’ensemble de la filière. Le Baromètre fournit des données précieuses qui permettent à ces acteurs de mieux comprendre les besoins du marché et d’adapter leur offre en conséquence.
Quels sont les objectifs pour cette quatrième édition du Baromètre Vélo ?
ED : Lors de la précédente édition en 2021, nous avions recueilli 276 000 contributions et qualifié 1 623 communes. Cette année, nous visons à qualifier 2 000 communes, avec un seuil de 30 contributions pour les petites communes de moins de 5 000 habitants. Trois semaines après le lancement, dans un contexte plus compliqué, nous avons déjà observé une augmentation de 25 % des participations par rapport au début de l’édition 2021, ce qui est très encourageant.
En quoi le contexte est plus compliqué ?
ED : La saison déjà. En 2025 on lance la consultation en plein hiver. En 2021, c’était en septembre. Au-delà de la saison, le contexte général. En 2021, nous étions en plein boom du vélo, post-COVID. Le vélo était identifié par le gouvernement comme un sujet important, qui doit être porté à tous les étages. Il y avait une impulsion nationale. Il ne vous aura pas échappé qu’en mars 2025, la situation budgétaire, politique et internationale est différente. Nous -qui portons ce sujet du baromètre vélo (NDLR : 5 personnes au sein de la FUB, 600 référents régionaux)- nous réjouissons de constaté qu’en 2025 le vélo reste un sujet concernant pour les citoyens.
Comment les résultats du Baromètre sont-ils utilisés concrètement sur le terrain ?
ED : Les résultats, qui seront publiés à Lyon à la mi-septembre 2025, fournissent aux collectivités des indications précieuses sur les points à améliorer et les actions à prioriser. Ils servent de base pour élaborer ou ajuster les plans vélo locaux, en tenant compte des attentes exprimées par les citoyens. De plus, ces données sont mises à disposition en open data, permettant à tous les acteurs de les exploiter pour développer des solutions adaptées.
Publier les résultats en septembre 2025, est-ce lié à la campagne des municipales qui auront lieu mi mars ?
ED : Absolument. Les candidats auront toutes les cartes en main pour bâtir un projet de territoire cyclable en phase avec les attentes de leurs (futurs) administrés. Au-delà de bâtir un projet cyclable à 360°, ils sauront ce qui est important et attendu. Ils pourront prioriser leurs actions. L’écosystème vélo, ce n’est pas que des pistes cyclables. Par exemple, si sur un territoire, il ressort que le maillage des vélocistes est parfait. Que ces vélocistes apportent en plus un service apprécié. Les valoriser, les accompagner est une action facile, peu coûteuse et qui ne demande pas un travail de longue haleine pour poser un schéma directeur cyclable.
Un dernier mot pour encourager la participation au Baromètre ?
ED : J’invite tous les citoyens, qu’ils soient cyclistes ou non, à participer à cette enquête. Leurs contributions sont essentielles pour améliorer les conditions de déplacement à vélo et, plus largement, pour favoriser des modes de vie plus durables et agréables. En partageant leur expérience et leurs attentes, ils vont contribuer activement à la construction de villes plus accueillantes pour les cyclistes. Aussi, le baromètre vélo n’est pas le baromètre des militants de la FUB. C’est un outil citoyen, mis à la disposition de tous les acteurs de la société. Nous avons besoin de tous les relais pour que cette enquête soit la plus populaire possible.
Enfin, avant de prendre congé, je tiens à saluer et remercier l’ensemble des acteurs de la FUB qui s’impliquent dans ce Baromètre Vélo. Les 600 référents régionaux, les 550 associations affiliées, les dizaines de milliers d’adhérents. Et bien entendu, je remercie déjà les presque 200 000 contributeurs.
Pour participer au Baromètre Vélo 2025, rendez-vous sur le site officiel : Le Baromètre des Villes Cyclables
La participation est ouverte jusqu’au 2 juin 2025.