Nous avons réunis plus de 80 acteurs engagés dans la transition cyclable : techniciens, élus, agents territoriaux, associations, porteurs de projets…au stade Raymond Kopa (berceau du SCO d’Angers).
Retour sur cette journée riche en partages d’expériences, en retours concrets et en inspiration collective, organisée par le programme CEE AVELO porté par l’ADEME.
Agir plutôt que « sur-stratégiser » : des territoires qui passent à l’action
« Je n’aime pas le vélo… mais j’aime le vélo électrique. » Cette phrase, prononcée avec le sourire par une témoin de La France Cyclable réalisée en partenariat avec Jérôme Zindy, illustre à elle seule les mutations en cours. Dans de nombreux territoires, la culture vélo avance – parfois à petits pas, parfois à toute vitesse – à mesure que les usages se diversifient et que les collectivités s’organisent.
Clément CHEVALIER, Chargé de mission vélo à la ville de Saint-Nazaire
À Saint-Nazaire, par exemple, les « coronapistes » n’ont pas trouvé leur public. Qu’à cela ne tienne : les politiques sont ajustées, remises à plat, hiérarchisées. Il ne s’agit pas de rendre toute la ville cyclable, mais de rendre les bonnes voies cyclables. En réaménageant 20 % de la voirie, en généralisant les zones 30, les collectivités proposent des plans réalistes, peu coûteux financièrement et… politiquement.
Pour convaincre les élu(e)s, un outil simple mais redoutablement efficace : une visite des Pays-Bas… sur Google Street View. « Ça leur permet de se projeter, de visualiser un autre type de ville », explique Clément CHEVALIER. Et surtout, ça ouvre la porte à une concertation constructive avec les habitants.
Quand la location crée des cyclistes
Stéphane BUREAU, lui, a lancé un service de location de vélos « Yolé » en seulement six mois. Benchmark, cahiers des charges, appel aux partenaires locaux… un résultat fructueux : 50 vélos de 6 types différents, 8 longtails tous loués, des biporteurs très demandés, mais des triporteurs boudés. La leçon est claire : la location permet de tester, d’apprendre, d’ajuster.
Mais surtout, elle rend le vélo visible. Elle donne corps à une politique cyclable, la rend tangible et politique. Enfin, elle oblige à penser les infrastructures qui vont avec.
Derrière ce succès, l’idée d’une marque locale prend forme. « YOLE », peut-être, comme d’autres ont eu leur “Vélib”. Parce que l’identité compte. Peut-être parce que chaque élu a besoin de pouvoir dire : « c’est moi qui l’ai fait ».
Stéphane BUREAU, chargé de Mission Mobilités à Challans Gois Communauté
Faire entrer le vélo dans les cultures internes
Anne-Cécile JEANNEAU, Cheffe de projet développement du vélo au Conseil Dépertemental d’Eure et Loire
Anne-Cécile JEANNEAU, quant à elle, résume bien un autre défi : faire émerger une culture vélo dans les services publics eux-mêmes. Là où, trop souvent, le vélo est vu uniquement comme un objet touristique.
En interne, tout commence pas à pas : une page intranet, des ateliers de réparation, des balades entre collègues, des agents formés comme ambassadeurs, des journées de sensibilisation avec le Cerema. Parfois, cela reste entre convaincus. Mais progressivement, les mentalités évoluent, y compris dans les services voirie ou patrimoine. Et quand les élu·es commencent à porter le sujet, le changement s’accélère.
Former, pérenniser, essaimer
À Dreux, la ville a pris le parti d’internaliser sa vélo-école : 100 % des élèves de CM2 sont formés au Savoir Rouler à Vélo. Une manière de créer une génération de cyclistes, tout en maîtrisant la chaîne pédagogique.
Et pour que ces actions vivent dans le temps, les participants insistent : il faut compter, suivre, intégrer le vélo dans les autres politiques publiques (plan climat, qualité de l’air, santé…). Et il faut travailler en réseau, comme le fait Armelle BOQUIEN au sein du Réseau Vélo & Marche.
Sans oublier de saisir les opportunités de financement : Fonds Vert, subventions avec un taux moyen de 25 %… À condition d’être prête, d’avoir des projets mûrs et cohérents.
Envie d’y être ?
À Angers, cette journée de Rencontres AVELO a montré une chose : la transition cyclable n’est pas une idée abstraite. Elle se construit, concrètement, à travers les décisions prises dans les collectivités, les services mis en place, les récits qu’on partage.
La dernière édition régionale de l’année 2025 se tiendra à Caen, le 23 septembre prochain. Si vous portez une politique cyclable, si vous cherchez des idées, des allié(e)s ou tout simplement de l’inspiration concrète : participez à ces journées en vous y inscrivant dès maintenant. Une façon concrète de se confronter aux difficultés des uns et des autres. Surtout, d’écouter les solutions trouvées pour continuer à avancer et échanger entre pairs.